SOCIETE - L'Education Routière , une discipline à réintroduire dans l'Education Nationale

Marcory , pas loin de la PMI , je viens de frôler la catastrophe !

Un enfant vient de s'élancer pour traverser la route , faisant fi du klaxon que j'enfonce pour l'en dissuader.Heureusement que j'ai freiné à temps , je n'aurai pas donné cher de ma peau si je l'avais cogné.Je suis tétanisée , je reste immobile pendant cinq bonnes minutes , mais l'enfant lui , est heureux d’être de l'autre bord et étonné de voir la dame qui ne peut pas avancer.

A ce moment , j'ai juste envie de descendre de la voiture pour lui donner juste deux côcôtas* , mais bon , je me rends compte que ça ne servira à rien : cet enfant est déjà atteint du syndrome du "piétonnard"*.

Cette situation , plusieurs d'entre nous l'ont sûrement déjà vécu à Abidjan.

Le syndrome du piétonnard touche essentiellement les piétons , permanents ou temporaires.Il modifie négativement leur comportement : ils deviennent ainsi indisciplinés et souvent très agressifs , à l'image de notre société ivoirienne.Ce syndrome se transmet généralement par habitude ou par manque d'éducation.

Mais...Qu'est ce qu'on piéton d'abord ?

Un piéton est une personne qui se déplace à pied.Elle peut le faire en marchant ou en courant.

On y assimile les personnes se déplaçant en rollers , trottinettes , skates , etc.

Que dit le code de la route au sujet des piétons ?

Le code de la route s'applique à tous les usagers de la route , parmi lesquels se trouvent les piétons.Ces derniers étant les plus vulnérables , ils se doivent d'observer quelques règles , pour leur propre sécurité mais aussi pour celles des autres usagers.Parmi ces règles , on peut citer :

1.On marche sur le trottoir 

En ville comme à la campagne , on marche sur les trottoirs ou accotements lorsqu'ils existent.S'ils n'existent pas ou s'ils sont impraticables , on peut dans ce cas emprunter les autres parties de la route , en prenant toutefois des précautions pour notre sécurité.

2.On traverse la chaussée perpendiculairement à son axe

Surtout pas  en diagonale ni en zigzaguant.

Petit rappel sur comment on traverse la chaussée :

-on s'arrête en bordure du trottoir afin d'être visible par les automobilistes

-on regarde à gauche (le côté d'ou viennent les véhicules) , puis à droite , et enfin à gauche de nouveau

-on évalue la distance à laquelle se trouvent les voitures et leur vitesse

-on traverse sans courir tout en restant attentif 

S'il y a des feux tricolores :

-on attend que le petit bonhomme (qui représente le piéton) soit vert pour traverser

Le bonhomme est vert , le piéton peut maintenant traverser la chaussée

-on vérifie aussi que le feu est rouge pour les automobilistes et qu'ils ont bien marqué l'arrêt

En présence d'enfants , leur tenir la main est un acte de citoyen et de bienveillance qui est fortement encouragé.

3.On traverse sur les bandes blanches 

S'il y a des bandes blanches , c'est l'endroit indiqué pour traverser en priorité.

4.La chaussée n'est pas un endroit pour s'attarder ou s'arrêter sans but précis

En gros , ce n'est pas notre salon.Bien sûr , il ne faut surtout pas courir pour traverser , mais ce n'est vraiment pas l'endroit indiqué pour les répétitions de Miss Côte d'Ivoire.

Ce qui se passe à Abidjan : les manifestations du syndrome du "piétonnard"

De manière générale , c'est malheureusement tout le contraire de ce que dit le code de la route :

1.On traverse même quand le feu est vert pour les automobilistes

Et on ose même lever la main pour "bloquer" les voitures qui refusent de nous laisser passer.Mais , chers amis piétons , en dehors des bandes blanches et quand le feu est vert , vous n'êtes pas prioritaires , surtout quand les automobilistes klaxonnent pour vous dissuader de traverser.

2.On traverse sans regarder autour de soi

Parce tout ce qui se passe autour de nous n'a pas d'importance.On pousse même le vice à avoir des écouteurs dans les oreilles , musique à plein volume.Impossible donc d'entendre les klaxons des voitures et d'être dérangés dans la traversée de notre salon.

3.On refuse de marcher sur les trottoirs , même quand ils sont dégagés

On a tellement eu l'habitude de les voir occupés illégalement qu'on a fini par penser que nous avons le droit de partager la chaussée avec véhicules.

4.On n'aime pas emprunter les ponts piétons

Parce qu'ils nous demandent de trop marcher et que nous avons peur de la hauteur.Mais nous avons moins peur de nous faire tuer sur une autoroute , donc on préfère s'en passer.

5.On zigzague entre les voitures dans les embouteillages

En prenant le soin de taper un bon coup sur chaque voiture à côté de laquelle nous passons.

Qu'est ce qu'on pourrait faire pour y remédier ?

-Donner cinq coups de chicotte à chaque piétonnard qui pique sa crise

-Peindre au sol des bandes blanches à chaque intersection afin de faciliter la traversée de la route aux piétons.A proximité des écoles , c'est une nécessité.

-Construire un peu plus de ponts piétons et sensibiliser les populations sur l'importance d'emprunter ces derniers pour leur propre sécurité.

Une fois que tout cela est fait , procéder ensuite à :

-La réintroduction de l'ECR (Education Civique et Routière) dans les programmes d'enseignement au primaire , dès la classe de CP

-La sensibilisation du grand public via la diffusion de mini capsules à des heures de grande audience à la télévision nationale , pourquoi pas en lieu et place des séries inutiles de 19 heures

-Des campagnes de proximité initiées par l'OSER.

J'ose espérer que cela pourra faire changer les mentalités et enrayer ainsi ce syndrome qui ne cesse de faire des ravages.

Et vous ?

Que pensez vous qu'il faut faire pour y remédier ?

*côcôta : petit coup sec donné sur la tête avec les doigts refermés 

*piétonnard : pure invention de ma part pour désigner les mauvais comportements des piétons ivoiriens